La France s’est construite sur 36000 communes. Son histoire et sa géographie conduisent à cette variété de densité spatiale. Se déplacer engage chaque personne au quotidien à rassembler les ingrédients venant de quatre grands secteurs industriels :
- un véhicule (une automobile, un vélo, son propre corps, etc),
- une énergie,
- une infrastructure (une route, un chemin, etc)
- et des informations (quelles routes,quels horaires, etc).
Ces quatre secteurs ont chacun leur modèle économique,spécificité, logique et leur temporalité. Le « petit dernier », celui aux informations,était ridicule il y a à peine 30 ans en termes de montants financiers et de capitaux. Puis arriva le GPS, les terminaux mobiles, Google Map, Uber. Désormais, il constitueune nouvelle grille de lecture du monde. Plus personne ne la prend à la légère, pourtant nous n’avons toujours pas décidé de repenser les trois autres secteurs à travers son prisme. Or, dans ce monde numérique, nous savons concevoir, industrialiser, assembler, homologuer, certifier, réparer, reconditionner un objet roulant de façon totalement différente.
Sur les 200 dernières années nous avons construit, détruit, reconstruit un système complet, résultat de nos choix individuels et collectifs. Force est de constater que les villes, les métropoles ont maintenant une large offre de transports. Dès que la densité se réduit, que la pertinence des transports collectifs baisse, l’automobile couplée au pétrole domine. Cette domination est logique même si d’autres pratiques existent ici et là. Plusieurs manifestations et études récentes viennent confirmer que cette dépendance à l’automobile pétrolivore pose des problèmes pour les jeunes, pour celles et ceux qui ne décident pas quand et où ils travaillent, ni où ils habitent. Quand le prix du baril ou les taxes augmentent, les marges de manœuvre disparaissent au niveau individuel et au niveau national. Nous n’avons plus 8 milliards pour faire face au prochain choc pétrolier. Nous avons déjà expérimenté les gilets jaunes. Nous savons faire, aujourd’hui, des objets roulants dix fois moins cher au kilomètre que l’automobile pétrolivore, également beaucoup plus simples et légers.
Nous ne détaillerons pas les contraintes en termes d’émissions de GES, ni de ressources. Toutes les informations convergent. Nous avons besoin d’objets roulants à très haute efficacité énergétique, à durée de vie infinie intégrant un maximum de déchets et de bioressources dans leurs composants. En concevant ces objets pour qu’ils soient démontables, reconditionnables, capables d’avoir une multitude de vie, cela conduirait également à relocaliser des emplois dans tous les territoires et à développer des sites d’assemblage distribués. Un garage automobile, un service technique d’une commune, une PME une fois équipé et formé pourrait assembler un ou plusieurs types de véhicules, certifier cet assemblage et commercialiser levéhicule, puis le maintenir à l’infini. Nous pouvons construire ce nouveau système productif en quelques années.
Tout est là.
Sur l’établi. Une trentaine de composants dont certains sont produits àgrande échelle, et la plupart sont mutualisables entre plusieurs véhicules. Une multitude de petits verrous restent encore là pour empêcher l’arrivée de nouveaux objets roulants mais aucun n’est insurmontable. Et cette dynamique est mondiale.
Dans tous les pays, des personnes assemblent une batterie, un ou deux moteurs sur un chassis soudé, avec quelques roues et un contrôleur. Organisons et canalisons légèrement cette créativité, cette force en marche.
« Il n'y a pas de solutions. Il y a des forces en marche : il faut les créer, et les solutions les suivent. »
Vol de Nuit - Antoine de Saint-Exupéry